ÊTRE FEMME ET L’AFFIRMER REQUIERT DU COURAGE ORGANISONS LA RÉSISTANCE !

adkh-amblemC’est un 25 Novembre 1960… Les sœurs Mirabal, Patria, Minerva et Maria, les pionnières du mouvement Clandestina, qui luttèrent contre le régime fasciste de Trujillo à la République Dominicaine, ont été assassinées ce jour-là. Elles étaient conscientes que lors de cette lutte juste elles risquaient leurs vies. Elles nous ont laissé leur lumière, la tradition de leur combat et contre toute attente, les « papillons » Mirabal sont toujours commémorées malgré leurs courtes vies.

Nous accueillons la 57ème année de ce sinistre jour du 25 Novembre ; lors de ces 57 dernières années, la condition des femmes n’a pas changé de manière significative. Bien que l’on ait gagné quelques droits grâce à la lutte, nous constatons que la perception sociale de la condition féminine n’a pas changé et nous vivons cette réalité dans la maison, dans la rue, sur le lieu de travail, au sein des établissements scolaires, à l’usine, bref dans tous les domaines de la vie. Étant donné que l’origine du problème remonte jusqu’à l’invention de la propriété privée et de la société de classes, la violence physique, sexuelle, psychologique et économique faite aux femmes perdurera tant que ce système continuera d’exister. L’histoire millénaire de l’humanité en est une parfaite exemple.

La violence qui vise les femmes est nourrie par le capitalisme, couvée par le militarisme et intériorisée par la religion, les traditions et les droits coutumiers ; elle prend diverses formes et appellations selon les régions du monde et les sociétés qui y vivent et elle est constamment reproduite partout à travers le monde.

Nous autres, connaissons cette violence instrumentalisée au Moyen-Orient par le Daesh, qui l’utilise comme une arme de guerre comme cela a été le cas, lors des enlèvements et viols dont ont été victimes les femmes yézidies et kurdes ou, dans les « marchés d’esclave » que ces bandes de barbares ont introduits dans les régions sous leur contrôle. Par ailleurs, nous avons vu cette violence en Iran, en la personne de Zeinab Sekaanvand, condamnée à la peine capitale en guise d’exemple d’intimidation à toutes les iraniennes. Rappelons-nous que les individus LGBTI dont l’orientation sexuelle n’est même pas prise en considération, sont victimes de violences, de viols et même, comme en la personne de Hande Kader, sont horriblement assassinés. Cette violence se montre également tout au long du processus de répression mise en œuvre par la main de l’AKP au nom de l’État fasciste turc, sous prétexte de lutte contre les putschistes et au fait, à l’endroit de tous les opposants, avec les dispositifs de l’état d’urgence et à coup de décrets, visant avec en tête les Kurdes et ses représentants élus, les milieux d’intellectuels démocrates, écrivains, universitaires, travailleurs du service public, la presse, les médias, les journalistes, les mairies volées à leurs électeurs et administrées par les liquidateurs judiciaires du pouvoir. L’État pratique une violence décuplée lorsqu’il s’agit de femmes qui le combattent : les corps des guérilleros femmes tombées au combat sont exhibés nus, torturés, les détenues sont victimes de viol dans les prisons. Nous avons aussi vu l’État arrêter Gulten Kisanak, co-maire élue de grande métropole ou encore, fermer par décret la première agence fondée et gérée par les femmes, Agence Jin ; nous connaissons cette mentalité réactionnaire qui s’adosse aux discours du pouvoir et qui donne  en pleine rue des coups de pied aux femmes non voilées.
Tandis que les violences faites aux femmes s’accroît de jour en  jour à travers le monde, celles-ci ripostent en organisant la résistance et les luttes. En Pologne, les femmes ont réussi à faire reculer l’État qui s’apprêtait à interdire l’IVG, un droit fondamental sur leur propre corps, en organisant ‘la grève des femmes’. En Argentine aussi, ce sont les femmes qui se sont mobilisées lors des Journées internationales de rencontres féminines et qui ont réussi à faire incliner la terreur de l’État et la violence policière. D’un autre côté, l’hypocrisie concernant la question féminine de l’UE ne peut plus se dissimuler derrière le masque  « des Droits humains, de la démocratie, de l’égalité et de la liberté » lorsque l’on constate les politiques des femmes des pays européens. Les exemples pullulent : le cas de Banu Buyukavci et celui de Gulaferit Unsal, des révolutionnaires détenues dans les prisons européennes, de manière arbitraire et contre toute règle judiciaire. Par ailleurs, nous avons également constaté cette hypocrisie, lors des harcèlements, viols et enlèvements dont ont été victimes les femmes réfugiées aux camps de rétention dans les pays européens, sans oublier les mineurs, arrachés à leurs familles, enlevés et victimes d’abus sexuels. La revendication des femmes « à travail égal, salaire égal » garde son actualité à travers les pays européens.

Nous sommes dans une période où les violences faites aux femmes se sont accrues sensiblement, en raison des attaques du système capiatliste-impéraliste et de ses guerres et destructions en œuvre dans toutes les régions du monde. Or, nous ne sommes ni condamnées, ni sans espoir. Nous sommes sûres que nous allons fonder un monde nouveau de nos propres mains, sans oppresseurs, ni opprimés, sans exploitation et sans violence, avec la tradition de résistance et les luttes internationales, qui nous ont été léguées par les sœurs Mirabal. Nous souhaitons insister une fois encore sur le fait qu’affirmer que tu es une femme requiert du courage et tu peux retrouver ton courage dans l’organisation de la résistance. Nous les femmes, sommes courageuses ! Nous nous battons avec courage, résistons et organisons le combat… Nous savons également qu’à présent et plus que jamais nous avons besoin de serrer les rangs, de nous tenir fermement par les mains, les unes avec les autres et d’étendre la solidarité féminine ! Ensemble, nous devons sortir dans les rues pour la lutte !

Nous, le Mouvement démocratique des femmes en Europe, appelons toutes nos membres et celles et ceux, progressistes, démocrates, à reprendre le pavé, à manifester et à participer à toutes les actions que l’on organisera à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 Novembre.
Notre force de travail, notre corps et notre identité n’appartiennent qu’à nous !

Arrêtez l’exploitation sexuelle ! Arrêtez l’exploitation capitaliste !

Liberté pour les Nations opprimées !

Vive notre lutte !

Jin-Jiyan-Azadi!

Mouvement Démocratique des Femmes en Europe
Novembre 2016

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